DES PREMIERS UNIFORMES MILITAIRES A LA TUNIQUE DE 1899 Du XVIème siècle au XIXème siècle, le costume militaire va voir une évolution beaucoup plus rapide avec une recherche certaine d’esthétique. Les combattants ressentirent le besoin de se reconnaître. Ainsi l’uniforme futil créé au XVIIème siècle. Il reçut des couleurs différentes au XVIIIème siècle afin de pouvoir identifier les unités entre elles. Aux armées royales à dominance de blanc, succédèrent les volontaires révolutionnaires très mal équipés. Quant aux armées napoléoniennes si elles possédèrent de flamboyants uniformes, ceux-ci ne résistèrent pas aux rudes campagnes de l’Empereur. Enfin, les uniformes du XIXème siècle se caractérisèrent par l’apparition du pantalon garance, de la tunique et par l’adaptation des effets militaires des soldats de l’armée d’Afrique. Au XVIème siècle, les cavaliers portaient soit la cuirasse de métal couvrant la partie supérieure du corps, soit le corselet de fer verni en noir, survivant de l’armure. C’est au XVIIème siècle, en 1632 exactement, qu’apparurent les premiers essais d’uniformes militaires introduits par quelques commandants qui dotèrent leurs hommes d’un vêtement pareil pour tous. Le résultat en était particulièrement heureux – du point de vue esthétique pour le bel aspect de la troupe à la parade, – du point de vue pratique pour la facilité avec laquelle on distinguait la troupe dans la mêlée du combat – et finalement du point de vue moral car il donnait au soldat une conscience plus profonde d’appartenance à un corps bien homogène. Cet exemple fut encouragé et développé plus tard par Louvois. Raphaël PALLAS Les armées du XVIIème siècle virent en même temps se créer la hiérarchie militaire qui s’établit comme suit: le soldat, le caporal, le sergent, le lieutenant-colonel et le maître de camp. Les caporaux ne différaient pas des autres soldats de leur escouade. Les sergents portaient la cuirasse à l’épreuve des balles. Les capitaines se devaient de porter les armes dorées, émaillées ou enrichies d’incrustations. Les sergents-majors tenaient en main un bâton clouté de pied en pied (un pied = 32,4 cm), qui leur servait à mesurer le terrain pour ranger leurs hommes sur le champ de bataille. Le maître de camp lui, devait porter le casque à l’épreuve des balles; ce casque pesait de sept à dix kilogrammes et était empanaché. Dès 1680 et au XVIIIème siècle, les corps de troupe se distinguaient par la couleur de fond de leurs habits. Les régiments d’un même corps se différenciaient entre eux par la couleur tranchante de certains éléments tels veste, culotte, doublure ou col et parements de l’habit. Toutefois l’uniforme était encore, mis à part la couleur, de la même coupe qu’un costume civil. L’infanterie était vêtue généralement de blanc, le rouge et le bleu caractérisaient les régiments de la maison royale ainsi que les régiments étrangers au service de la France. L’artillerie fut le plus
souvent vêtue de couleurs sombres. L’ancien chapeau de feutre à larges bords fut abandonné pour le tricorne. On vit apparaître les bonnets, puis les mitres des grenadiers en forme de pain de sucre. Les musiciens militaires se distinguaient de la troupe par une profusion de galons tant sur l’habit que sur les manches qu’ils garnissaient jusqu’aux épaules. L’armée française comptait quatre cent mille hommes et Louvois créa des écoles afin de former des cadres aptes au commandement. Ces écoles s’appelaient les écoles de cadets. L’école d’équitation de Saumur date de cette époque. La cavalerie composée de cuirassiers, de dragons et de gardes suivit la mode adoptée par l’infanterie. Les hussards eux, tranchaient nettement sur le reste de l’armée. Ils portaient une fleur de lys à leur bonnet. Ils étaient habillés à la Turc, d’une veste étriquée et d’une culotte bouffante. Les bonnets à poils furent alors remplacés par des bonnets de peau d’ours garnis de plaques de cuivre pour leur donner un air plus martial. Ils furent d’abord adoptés par les grenadiers puis par l’infanterie. Raphaël PALLAS La mode des perruques poudrées s’étendit à l’armée. Afin d’empêcher les cheveux de graisser les cols de l’habit, on inventa la queue qui salissait tout autant. Sous la Révolution, les volontaires révolutionnaires remplacèrent les vieux soldats des armées royales. Mal équipés, les ficelles remplaçant souvent le porte giberne, mal chaussés ces volontaires suppléaient le plus souvent la carence du ravitaillement par la maraude. Le 8 janvier 1794, la Convention décida de réaliser la fusion entre l’armée et les volontaires indisciplinés et mal habillés. Les vieilles troupes en blanc endossèrent l’habit bleu des volontaires. C’est ainsi que les jeunes «bleus» de la révolution donnèrent leur surnom aux futurs soldats d’aujourd’hui. La nation sacrifiait tout à la guerre. Les cordonniers devaient livrer cinq paires de souliers par décade à leur armée. Ces souliers avaient les bouts carrés pour empêcher les soldats de les revendre aux civils. La paix de Lunéville laissa l’armée dans un très mauvais état matériel https://www.tenuemilitaire.com/, les campagnes successives avaient usé les uniformes. L’on a souvent vanté les prestigieux uniformes des armées napoléoniennes. Certes l’uniforme était beau mais par une carence incroyable du ravitaillement, Napoléon eut bien souvent l’occasion de passer en revue des troupes en guenilles. L’Empereur avait rejeté sur ses officiers tous les gallons et les plumets dont il n’avait que faire. Cette débauche d’or et de broderie ne s’étendait pas au-delà des généraux de brigade. Les aides de camp chargés de seconder les officiers généraux, comme tous les officiers sans troupe, portaient rarement l’uniforme prescrit et arboraient trop souvent des uniformes de fantaisie. Les officiers d’ordonnance, quant à eux, portaient un uniforme bleu barbeau (bleu clair) brodé d’argent. L’uniforme des musiciens était en principe un habit bleu sans revers et un chapeau brodé d’or. Cet uniforme atteignit les limites extrêmes de l’originalité et de la somptuosité, jusqu’à les transformer en véritables charlatans de foire. L’uniforme de l’infanterie en 1804 était l’habit, veste bleue aux revers et parements écarlates avec le gilet et la culotte de même couleur. Le numéro des régiments apparut au col des habits faisant ainsi la fierté des soldats, se reconnaissant ainsi frère de régiment. Le shako d’origine hongroise s’ornait d’une plaque de cuivre de forme variée selon l’époque, un plumet ou une houppette le garnissait par devant le bord supérieur. La tenue sur le pavé était fort belle et à Paris on admirait, les jours de parade, la garde défilant, ses prodigieux tambours-majors en tête; les grenadiers en habit bleu à revers rouges, la veste de bassin blanc, la culotte et les hautes guêtres passées au blanc d’Espagne, les gilets de fer étincelants, galopant sous leurs énormes casques à crinière noire et à peau de léopard. Raphaël PALLAS Mais en réalité ces superbes tenues ne résistèrent pas à vingt jours de campagne. On ne garde pas longtemps des boucles d’argent à ses souliers quand on manque de pain. En effet, les soldats étaient mal nourris, mal soldés, mal administrés, mal soignés. Ils y trouvaient ainsi des prétextes à se débrouiller parfois aux dépens des vaincus. A Moscou, ils se taillèrent des capotes dans les draps des billards. L’insuffisance de l’administration en avait fait une armée de gueux. Les cheveux sont coupés courts dans les armées depuis cette époque, Napoléon ayant ordonné de les raser afin d’éviter les maladies occasionnées par les poux. La France de la Restauration s’efforça d’effacer par de nouveaux uniformes le souvenir encore vivace de l’Empereur en exil. On vit apparaître à nouveau les régiments vêtus de l’habit rouge à brandbourg blancs, coiffés du shako à la visière plaquée sur le front. Les grenadiers ne retrouvèrent leur bonnet à poil qu’en 1822. Avec une capote bleue céleste, la garde royale se surchargeait de dorures et de pompons. Les cuirassiers troquèrent leurs casques à queue pour ceux à chenilles des anciens carabiniers. Les chasseurs perdirent le célèbre colback (bonnet à poil surmonté d’un plumet, ramené d’Egypte par les soldats de Bonaparte) pour se voir affubler d’un casque à chenilles et d’un pantalon garance (couleur rouge fournie par la racine d’une plante de même nom). Les hussards, les moins malmenés, avaient aussi adopté le pantalon garance tout comme les lanciers qui portaient également le kurta (veste polonaise) vert à col cramoisi. En 1820, l’infanterie retrouva les habits blancs, les épaulettes différenciant chasseurs, carabiniers et voltigeurs. Les pantalons teints avec la garance du Rhône envahissaient l’armée française; ils ne devaient plus la quitter jusqu’à la première guerre mondiale. En 1830, lors de l’expédition d’Alger, la chaleur étouffante éprouva l’armée française vêtue comme pour un défilé en métropole. Les militaires se montrèrent d’une ingéniosité étonnante dans la recherche de la coiffure la plus pratique contre les rayons du soleil. Le général Bugeaud lui-même, au mépris des règlements se fit confectionner une casquette dont la visière énorme par-devant comme par derrière allait donner naissance à une célèbre chanson.